"Ressentir en stéréo, penser en 3D : mode hypersensible activé"

Il paraît qu’il y a des gens qui vivent tranquillement. Qui ne ressentent pas tout. Qui n’analysent pas chaque soupir dans une conversation. Qui ne pleurent pas en regardant le générique d’Arte. Qui peuvent aller à une soirée sans prévoir une stratégie de repli ou une excuse crédible pour partir à 22h04.

… On ne les juge pas. On les envie un peu, parfois. Et puis on retourne dans notre monde intérieur, où un oiseau qui passe peut ruiner une réunion Zoom parce qu’on se demande s’il est heureux, lui.


Les hypersensibles ont un bouton « volume »… cassé.

On aimerait bien pouvoir baisser le son. Moins ressentir. Moins cogiter. Moins anticiper, moins capter les moindres non-dits.
Mais non. On est équipés d’un ampli intégré. Tout est vécu en version maxi, sans option "mode éco".

Un collègue a dit « bonjour » sans sourire ? → drame psychologique de 3 jours dans ta tête

Un mot mal placé dans un texto ? → tu réécris 17 versions de ta réponse en imaginant 4 scénarios de rupture, 2 de trahison et 1 de réconciliation

Tu as pensé à un souvenir gênant de 2009 ? → félicitations, tu es bloqué·e émotionnellement pendant 4h


Ajoute une pincée de haut potentiel, et c’est la fête du neurone

Parce qu’il ne suffisait pas de ressentir tout, il faut aussi penser tout. Vite, fort, souvent en boucle. Avec des embranchements mentaux qui font ressembler ton cerveau à un spaghetti électrique.

Tu voulais juste acheter du pain →
Tu t’es demandé pourquoi les boulangeries ouvrent si tôt →
Tu as pensé aux rythmes circadiens →
Tu as lu 3 articles sur le sommeil polyphasique →
Tu arrives à la boulangerie →
Tu oublies le pain →
Tu repars avec des graines de chia.


Le problème n’est pas que tu es "trop". Le monde est juste en sourdine.

On t’a peut-être dit que tu étais "trop sensible", "trop compliqué·e", "trop intense".
Mais si on y pense bien… Peut-être que tu es juste réglé·e plus finement. Comme un instrument de musique hyper sensible aux variations.
Sauf que tu vis dans un monde où les gens veulent jouer du triangle alors que tu entends l’orchestre complet.


Petit lexique de survie pour sensible averti:

  • Fatigue sociale : État d’extinction des feux après avoir souri poliment à trois personnes d'affilée.

  • Anxiété logistique : Planifier une conversation imaginaire 48h à l’avance, avec variations selon météo et humeur présumée de l’interlocuteur.

  • Auto-sabotage affectif : T’excuser d’exister alors que tu viens de dire "non merci" à une invitation que tu n’avais pas demandée.

  • Mélancolie esthétique : Pleurer face à un rayon de lumière qui tombe joliment sur une table Ikea.


En résumé ?

 

Tu n’es pas seul·e à ressentir autant.
Tu n’es pas bizarre.
Tu es juste… branché·e un peu plus fort que la moyenne.
Et même si c’est parfois épuisant, c’est aussi ce qui te rend touchant·e, drôle, lucide, poétique. (Et légèrement inadapté·e au monde administratif, mais ça, on en reparlera.)